Quatre baigneurs déjà "attaqués"... Un poisson mordeur sévit à Saint-Raphaël

"La mer c’est dégueulasse, les poissons mordent dedans", aurait pu chanter Renaud, s’il avait séjourné ces derniers temps sur la plage du Veillat de Saint-Raphaël. Là où, à plusieurs reprises depuis début juillet, des baigneurs – principalement en position statique – ont ressenti une morsure vive et furtive. Peu profonde, mais avec parfois un écoulement de sang.

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Alexandre Plumey aplumey@nicematin.fr Publié le 26/07/2020 à 20:00, mis à jour le 26/07/2020 à 20:00
Illustration.

Si seulement quatre personnes – toutes d’un certain âge – sont allées se faire soigner au poste de secours, d’autres confirment avoir subi ces mordillements.

"On sent la morsure et ça s’accroche à la jambe moins d’une demi-seconde. Ça m’est arrivé à plusieurs reprises, mais sans provoquer de saignement", raconte Marie-Paule, visiteuse assidue de cette plage.

Attirés par les veines

Tous les baigneurs n’ont pas eu cette chance. Comme cet homme souffrant de varices qui, jeudi et vendredi, a été "agressé" à quelques mètres du rivage.

À deux reprises, il s’est rendu au poste de secours après une morsure qui a provoqué un écoulement sanguin assez important, accentué par son traitement médical anticoagulant.

Comme trois autres victimes, le sexagénaire a été transporté à l’hôpital Bonnet "par précaution". Un chiffre confirmé par les sapeurs-pompiers du Var: "Plus pour de la désinfection et du contrôle que pour une urgence, une infection ou un caractère venimeux", précisent les sauveteurs.

Sur place, les maîtres nageurs sauveteurs (MNS), qu’ils soient CRS ou employés par la Ville, ont observé avec stupéfaction ce phénomène rare. Sans pour autant réussir à le cerner totalement.

Ils constatent que les morsures se produisent toujours au même endroit (à la gauche du poste de secours), à proximité du rivage où l’eau arrive à la cuisse des baigneurs, et toujours à proximité des veines de la jambe.

"C’est une toute petite entaille, mais la peau fine des personnes âgées est plus fragile", juge un MNS.

Quel est ce poisson?

Ceci dit, le mystère reste entier. Même les plus fins connaisseurs du littoral raphaëlois se disent surpris à l’annonce de ces faits.

"Des poissons qui mordent au bord de l’eau? Ça alors, vous m’en apprenez une belle, s’exclame Gérald Soccoja, vieux de loup de mer raphaëlois, qui part chaque matin avec son filet depuis près de cinquante ans. Si c’était dans le sable, on aurait pu dire un rason. Mais vu que ça agit à hauteur du mollet, ce n’est pas ça."

Quid du sar, un poisson avec une bouche de 2 à 3 cm et des dents plus pointues aux extrémités? "Je ne le vois pas mordre un baigneur inoffensif. Ce ne sont pas des poissons d’attaque."

Sauf s’ils ont quelque chose à défendre. Une hypothèse avancée par Olivier Bardoux, pêcheur local et ex-chasseur sous-marin de haut niveau.

"Il se peut que ce soit un baliste. C’est une espèce très territoriale et présente en Méditerranée. S’il a frayé (1) à cet endroit, il peut se sentir menacé par la présence humaine et mordre."

Cette supposition est prise au sérieux par Nicolas Marty, conseiller municipal en charge du littoral.

L’élu affirme "qu’aucune plainte n’est remontée au service mer et littoral de la Ville, mais que le problème va être étudié dès ce matin".

Histoire que ce serpent de mer ne revienne pas chaque année, tel un mauvais poisson d’avril égaré au beau milieu de l’été.


1. Acte de reproduction qui consiste à produire des alevins ou déposer des œufs ou du sperme.

Entre rires et crispations

Un éclat de rire. C’est ainsi que Gérard, 65 ans, réagit à notre question: "Avez-vous entendu parler de morsures de poisson ces derniers jours?" Il pouffe: "Des piranhas aussi, tant qu’on y est?"

Non. Quand même pas. Même si les morsures et le sang impressionnent sur le coup, les blessures ne sont pas douloureuses outre mesure. Et surtout pas dangereuses pour la victime.

Pour autant, la rumeur commençait à prendre doucement, hier matin, sur le sable fin de la cité de l’Archange. Avec l’exagération inhérente que l’on sait, concernant tout ce qui relève des "on-dit".

Pour autant, les quelques plaies de 2 à 3 centimètres, même peu nombreuses au regard du nombre de baigneurs, existent. Pas de quoi inquiéter les plupart des touristes et baigneurs locaux.

"J’en ai entendu parler en allant chercher une glace. Sur le coup, ça fait réfléchir. Mais je n’y ai pas plus prêté attention que ça", concède Rémi, 37 ans, venu de Corrèze.

La septuagénaire Micheline nous renvoie dans nos 22 mètres avec un: "Ça fait 30 ans que je viens tous les matins, je n’ai jamais entendu parler de ça. C’est une légende urbaine". Soit.

Sauf pour les personnes qui, comme Thérèse, ont vu leur amie se faire mordre et saigner.

"Ma copine revenait de nager et quand elle a eu pied, elle a ressenti quelque chose. Une fois sortie de l’eau, elle 'saignotait' sur la cuisse. Elle n’est même pas allée voir les secours, tellement c’était petit. Même si on voyait deux petits crocs", détaille cette habituée. Qui se dit "plus vigilante lorsqu’elle va dans l’eau désormais".

Illustration. Photo Sophie Louvet.

Même mésaventure à Cannes en août 2018

Photo DR.

Sortir de l’eau avec la jambe en sang et un grain de beauté en moins? Cette baigneuse cannoise de 68 ans n’en revenait pas, en cet été 2018.

La vacancière parisienne discutait entre amies, avec de l’eau jusqu’à la taille, lorsqu’elle a senti une vive et furtive morsure au niveau du tibia. Sur son grain de beauté, donc, qui avait été scalpé pour l’occasion.

À peine le temps d’enlever sa jambe, le coupable était déjà parti. Mais elle a eu le temps d’apercevoir "un poisson de 15 cm avec des taches noires sur les côtés", comme elle le décrivait alors dans les colonnes de Nice-Matin.

Pile le portrait-robot du sar commun. Même si l’idée du baliste avait, là aussi, également été avancée au moment des faits.

Soit deux poissons "aux dents pointues aux extrémités", avait résumé un pêcheur cannois. À Saint-Raphaël, aucun baigneur n’a eu le temps de reconnaître l’espèce, ni de la décrire. Toujours est-il que les deux situations sont assez similaires.

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